• Dossier - L'histoire du soir (2/3) : Je n'aime pas ça, je n'ai pas le temps, que faire ?

    Dossier - L'histoire du soir (2/3) : Je n'aime pas ça, je n'ai pas le temps, que faire ?

     

    Le premier article de ce dossier en trois parties sur l'histoire du soir, basé sur un rapport publié par l'OCDE, expliquait selon cet organisme l'importance de la lecture avec les enfants. Cela dit, dans nos journées de parents bien remplis, il peut arriver que l'on manque de temps, d'énergie ou simplement de motivation pour se consacrer à un temps de lecture avant le coucher des enfants. Je vais continuer à détailler ce que dit le rapport à ce sujet et y ajouter quelques conseils et éléments tirés de ma pratique d'orthophoniste et de ma vie perso de maman.

    - 1/3 L'histoire du soir : est-elle si importante ? Que dit le rapport de l'OCDE ?

    - 2/3 L'histoire du soir : je n'aime pas ça, je n'ai pas le temps, que faire ?

    - 3/3 L'histoire du soir : jusqu'à quel âge ?

     

    "Je n'aime pas lire ces histoires du soir, ça m'ennuie"

    Ce que dit le rapport : Ce sont les activités "utilisant les mots en contexte" qui permettent ces écarts de niveau, la lecture donc, mais aussi :

    - le fait d'avoir des conversations ouvertes avec son enfant, discuter pendant un moment privilégié et se raconter mutuellement sa journée en l'incitant à réfléchir sur ces expériences,

    - lire des inscriptions et des étiquettes dans la vie quotidienne et expliquer de quoi il s'agit, commenter le quotidien en apportant du vocabulaire, des informations nouvelles,

    - chanter des chansons.

    À l'inverse, les activités éducatives consistant à jouer avec des lettres ou des mots isolés et sortis du contexte ne sont pas aussi efficaces, même si elles ne font certes pas de mal.

    J'ai la chance d'adorer les livres, comme certains parents adorent jouer à la poupée par exemple. Chacun son truc. Nos enfants ont besoin que l'on fasse des activités avec eux mais si on les fait à contrecoeur, cela n'est intéressant pour personne. Et puis il m'est aussi déjà arrivé de m'ennuyer sévèrement en lisant des histoires. Mon conseil est vraiment de lire des livres qui vous font plaisir ! Si vous partagez quelque chose qui vous fait plaisir, vous serez plus détendu et votre enfant le ressentira, tout simplement. Du coup, j'ai planqué les livres que je ne supportais pas et j'ai lu et relu les livres que j'aimais bien, tout bêtement.

    Il n'y a aucun mal à cela. En plus, relire un livre déjà connu par l'enfant lui est très bénéfique car cela lui permet de mémoriser le vocabulaire, les tournures de phrases (si phrases il y a), d'anticiper ce qu'il va voir à la page suivante. Ne vous donnez pas pour mission de lui faire découvrir sans arrêt de nouveaux livres, un enfant a besoin de régularité et de répétition, cela le rassure et c'est d'ailleurs pour cela qu'il va souvent vers le jeu ou le livre qu'il aime bien.

    Il y a plein de pépites dans les livres pour enfants, des albums qu'on peut apprécier même en étant adultes soit parce que ça vous parle, ça vous fait rire ou parce que les illustrations vous plaisent. Les auteurs d'albums sont des grandes personnes, et souvent aussi de sacrés artistes. Prenez le temps de feuilleter les livres pour trouver ce qui vous plaît à vous. Peut-être vous souvenez-vous de livres que vous aviez adoré étant petit ? Vous pourriez les lui lire. Saut si vous aimez ça, je vous déconseille fortement les livres tirés de dessins animés et franchises (Dora, Peppa Pig, Disney...), qui sont souvent ennuyeux à mourir pour un parent qui lit. Vous ne tiendrez pas longtemps !

    Voici quelques albums pour enfant que j'avais adorés et que j'ai pu lire à mon fils avec plaisir :

    - Chocolat, de Benoît Charlat, édition l'Ecole des Loisirs, qui me faisait saliver à mort

    - Le ça, de Matthieu Maudet, édition l'Ecole des Loisirs, trop chou et rigolo

    - Aboie Georges que je trouve vraiment drôle : un chien nommé Georges ne sait pas aboyer et sa mère l'emmène chez le vétérinaire

     

    - Histoires de toujours du Père Castor, un recueil d'histoires qui se lisent en 5 minutes chrono et dont les illustrations sont vraiment belles.

     

    De manière générale,  les livres de l'Ecole des Loisirs et les histoires du Père Castor sont très agréables à lire. Personnellement, j'aime beaucoup Roule Galette, La vache orange et Michka.

     

    Par ailleurs, l'avantage des livres c'est que l'on accède à un vocabulaire (le "lexique") et à des tournures de phrases (la "morphosyntaxe") différentes du langage oral dont l'enfant a déjà l'habitude et qui s'enrichissent à mesure qu'il grandit et peut écouter des histoires plus élaborées.

    Après, si vraiment vraiment vous ne pouvez pas toucher un bouquin sans faire de l'urticaire, ne vous forcez pas. Après tout, lire ou ne pas lire d'histoires du soir, ça n'est pas ça qui fait un bon parent. Comme l'indique l'enquête de l'OCDE, d'autres activités sont aussi corrélées à un niveau scolaire supérieur.

    Si la lecture n'est pas une option pour vous, prenez un moment pour discuter, chantez des comptines, calez-vous trente minutes sur le weekend pour faire un jeu de société. Il en existe de tous les niveaux et ils sont, comme les livres, de formidables sources d'apprentissage, même les jeux les plus basiques (c'est l'un des sujet de ce blog). L'essentiel est de partager du temps et du langage avec plaisir.

    L'histoire du soir : est-ce une obligation, jusqu'à quel âge ? Que dit le rapport de l'OCDE ?

    "Je rentre tard, j'ai mille choses à faire, je suis épuisé(e) et je n'ai pas le temps..."

    Ce que dit le rapport : Il est indiqué que c'est bien la fréquence de ces moments et non leur durée qui est déterminante.

    Malheureusement ça c'est un vrai problème de parent moderne. Papa et Maman travaillent souvent tous les deux, ou encore Papa ou Maman gère seul le quotidien. Les journées sont souvent épuisantes et stressantes et le soir quand on rentre du boulot, tout est fait montre en main jusqu'au moment où on peut enfin soi-même se coucher... pour recommencer le lendemain sur le même rythme.

    Cela dit, et là je vais tomber dans le refrain que tout le monde connaît, les enfants grandissent vite, et les petits moments qu'on peut partager avec eux à chaque âge sont autant de souvenirs qu'on doit récolter quand ils sont là. J'ai mis un tracker d'activité sur mon téléphone et je me rends compte que je perds facilement 5 ou 10 min par-ci par-là sur Instagram ou Facebook. J'ai toujours l'impression de manquer de temps pourtant.

    Bref, ceci pour dire qu'il n'en faut pas plus. 10 minutes c'est le temps d'un album pour enfant, ou de quelques pages. Vous n'êtes pas obligé de finir le livre, vous pouvez très bien le lire en plusieurs fois si vous prévenez votre enfant : "on s'arrêtera à telle page". Il aura le plaisir d'écouter la suite le lendemain, comme quand on attend la suite de notre feuilleton.

    Pour les avantages que cela procure je pense que c'est aussi du temps de gagné. C'est comme bien s'alimenter, parfois un peu pénible sur le coup mais on y gagne en énergie et en santé, sur le long terme. Je dirais qu'il faut voir la lecture comme un investissement. Ca ne va pas résoudre tous les problèmes ni assurer à votre enfant une carrière d'ingénieur mais un enfant qui a reçu quelques minutes de lecture avec son parent avant de dormir est souvent plus apaisé, dort mieux, et sera plus apte à apprendre le lendemain en classe.

    De plus, en tant qu'orthophoniste je vois beaucoup d'enfants manquer cruellement de vocabulaire et de compréhension écrite (en dehors des patients dyslexiques qui sont un peu à part). Je ne dis pas que la lecture protège forcément du besoin de séances d'orthophonie, ni que les patients qui vont chez l'ortho n'ont pas eu leurs histoires du soir. Néanmoins si les bénéfices sont tels qu'indiqués dans l'étude de l'OCDE ça donne quand même à réfléchir, et d'ailleurs ça n'est pas étonnant. Ce serait comme lire une étude qui dit que l'habitude d'avoir une activité physique protège de problèmes de santé plus tard.

     

    J'espère avoir trouvé le ton juste dans cet article. Parler d'un tel sujet me donne un peu l'impression de marcher sur des oeufs mais il me tenait à coeur ! Encore une fois, c'est échanger du langage qui est important, le faire autour d'un livre reste secondaire. Je pense qu'il vaut toujours mieux papoter avec plaisir que de lire un livre sous le poids de la culpabilité ! Et si vous aimez cela ou souhaitez découvrir le plaisir de la lecture avec votre enfant, vous trouverez certainement des albums qui vous plairont à tous les deux !

    Dans le prochain et dernier article je répondrai à la question : jusqu'à quand lire des histoires du soir ?

     Aller à l'article suivant :

    - 3/3 L'histoire du soir : jusqu'à quel âge ?

     

    Rapport OCDE : https://www.oecd.org/pisa/pisaproducts/Let%27s%20read%20them%20a%20story%20e-book%20%20FR.pdf

    Sources photo : https://www.befunky.com/


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